Chaque région française possède ses propres caractéristiques paysagères, les végétaux se sont installé tranquillement au cours des siècles et se sont adaptés aux conditions climatiques et environnementales. Depuis une quarantaine d’années, avec l’arrivée de la commercialisation des végétaux et l’aménagement des jardins particuliers, certains paysages se sont transformés très rapidement. A l’image de notre société où tout s’accélère, les jardins sont soumis au dictat de la consommations et aux modes.Dans la plupart des cas, je n’ai pas trop de problème avec cette idée, mais je milite pour une vision éthique du jardin. Pour faire comprendre mon idée, je vais prendre l’un des exemples les plus aberrant que j’ai pu rencontrer ces 15 dernières années.
L’olivier, signe de richesse pour l’extérieur.
L’olivier est une plante sublime, qui dans son environnement naturel est capable de vivre plusieurs centaines d’années. Son importation massive des pays du sud modifie durablement les particularités des paysages nord/sud.
Je suis originaire de Charente, où la plupart des sols de la région sont de type calcaire, je trouve cependant aberrant de reproduire des paysages provençaux dans des jardins ou rien ne s’y prête. Dans le meilleur des cas (ou pas) on se retrouve avec un terrain nu, au centre, une maison de lotissement neuve, avec des murs couleur ocre (pour évoquer la Provence) et un olivier perdu au milieu. Tout le budget « jardin » y est sans doute passé, tel un caprice Monsieur (ou Madame) « voulait son olivier ». Dans le pire des cas on ira couper un chêne pour y placer l’idole du jardin 2000. Pourquoi? L’olivier symbole de longévité, de soleil, il est probablement aussi celui des vacances rêvés de Provence et Italie. Celles que l’on ne pourra pas se payer l’année prochaine, où celles que l’on passera devant la télé devant “le château de mère” ou “la gloire de mon père”. Serait-il possible que les paysages de nos régions soient les victimes collatérales de la crise? On mets plus d’argent dans nos jardins, moins dans nos voyages? Marcel Pagnol est-il l’un des responsable du massacre des oliviers millénaires d’Espagne ?
Prendre en compte le paysage.
Par chance l’olivier résiste plutôt bien sous ces climats, mais avec des hiver comme celui que l’on vient de passer je serai curieux de connaître les dégâts. Planter un chêne vert en Charente aurait été bien plus cohérent et aurait eu une excellente intégration dans le paysage.
Mon discours pourra paraître contradictoire car je suis pour la diversité botanique au coeur des jardins, à condition que leur intégration soit réalisé de manière cohérente et intelligente. Vous ne pourrez pas transformer un corps de ferme Charentais en villa italienne, ce serait aussi aberrant que de vouloir transformer une formule 1 en Monospace, il y a des particularités architecturales et un environnement à prendre en compte.
Par exemple pour les plantes vivaces j’ai beaucoup moins de scrupules car elles ne transforment l’espace que ponctuellement, elles résistent en générale assez bien aux conditions climatiques de la plupart des régions françaises et impactes beaucoup moins les paysages. Il faut toutefois écarter de la vente de celles qui représentent un risque invasif.
Un jardin local avec une touche d’exotisme.
De manière générale, que cela soit pour les arbres ou pour les arbustes, je ne suis pas contre quelques éléments exotiques, à condition que l’exotisme ne soit pas l’élément central du jardin et j’ai surtout du mal avec l’idée de créer un archétype du jardin pour qu’il colle à une mode. Ce mot que l’on retrouve dans l’industrie du textile, dans l’aménagement de la maison et la plupart des objets de consommations permettent de véhiculer une image de soit ou de ce que l’on souhaiterai être. Comme évoqué plus haut, je n’ai pas trop de problème avec l’idée de mode pour les végétaux, c’est ce qui motive la plupart des gens pour planter et créer son jardin. J’ai clairement plus de mal avec l’idée de mode pour un type de jardin et avec l’idée de considérer la plante comme un objet de consommation parmi d’autres, en écartant son caractère “être vivant”.
Pour un jardin durable.
Je serai donc pour un jardin durable, non soumis au dictât de la mode dans son ensemble et je conseil donc à tous ceux qui souhaite créer leur jardin de commencer par observer leur environnement immédiat. Essayez d’identifier toutes les arbres et arbustes qui vous entourent, leurs noms, leurs couleurs, leurs formes… A partir de cette liste vous pourrez choisir des variétés proches, elles résisteront à votre environnement, votre sol et s’intégreront parfaitement dans votre paysage. Croyez-moi, vous trouverez déjà une liste de variétés longue comme le bras en pépinière et jardinerie. Vous pourrez vous faire plaisir sur les vivaces, les annuelles et les petites plantes, votre jardin sera bien plus beau, cohérent et une fois l’hiver venu, vous éviterez le syndrome de l’olivier.
Tout à fait d’accord avec cet article !
Pour ma part lorsque j’ai installé mon jardin (qui était avant une culture d’asperges) j’ai commencé par regarder ce qu’il y avait chez les voisins et discuter avec les anciens. J’ai installé les cultures autochtones et du coup ne me suis pas trop trompée…
Observons davantage la nature et respectons la !
Bien amicalement
Isa-Marie
Mille fois d’accord avec toi! Diversité d’accord, mais cohérence avant tout! Un olivier dans les polders, ou un oranger sur le sol irlandais,comme un saule têtard dans la garrigue!
je bafouille… Un olivier dans les polders ou un oranger sur le sol irlandais, c’est comme un saule têtard dans la garrigue…
Isa marie c’est vrai qu’en discutant avec les anciens de ce genre de sujets on apprend énormément de choses… 🙂 sophie ça ne m’étonne pas trop que tu puisses être d’accord avec moi sur ce sujet 🙂
Et un bananier en Franche-Comté? Aujourd’hui j’en ai vu plein en jardinerie…!